
Schéma explicatif de la méthode utilisée pour effectuer cette thérapie génique (© bluebird).
La drépanocytose, maladie génétique la plus fréquente au monde. 12 000 personnes touchées en France
Avec 50 millions de personnes touchées, la drépanocytose est la maladie génétique la plus fréquente au monde.
En France, elle concerne environ 12 000 personnes (dont 5 000 en métropole) et 400 nouveaux cas sont dépistés chaque année chez les nourrissons.
Autosomique et récessive, cette mutation génétique d'un acide aminé au niveau de la chaîne bêta de l'hémoglobine (remplacement d'un acide glutamique par une valine en position 6) se traduit par la production d'une hémoglobine anormale appelée hémoglobine S (HbS).
Cette hémoglobine modifiée entraîne, dans certaines circonstances (hypoxie, déshydratation, acidose, hyperthermie), une déformation des hématies en faucille (cf. ci-dessous), d'où le nom d'"anémie falciforme".

Un risque de complications graves
Le globule rouge déformé est plus rapidement détruit qu'un globule rouge normal (en entraînant une anémie hémolytique) et augmente la viscosité sanguine, ce qui peut être à l'origine de complications sévères : occlusion de vaisseaux sanguins, susceptibilité aggravée aux infections, accidents vasculaires cérébraux, par exemple.
Les traitements de fond actuels de la drépanocytose sont symptomatiques
Les traitements de fond de la drépanocytose visent à corriger l'anémie (transfusions sanguines) et à diminuer les taux d'HbS (hydroxycarbamide et échanges transfusionnels).
L'hydroxycarbamide est recommandé par la Haute autorité de santé en prévention des crises vaso-occlusives douloureuses récurrentes chez les patients drépanocytaires ayant eu 3 hospitalisations dans l'année pour crise vaso-occlusive, ou un syndrome thoracique aigu grave, ou une récidive de syndrome thoracique aigu.
Le seul traitement curatif actuellement disponible : l'allogreffe de cellules souches de donneurs compatibles
Aujourd'hui, l'allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (porteuses du gène de l'hémoglobine normale) constitue la seule approche thérapeutique curatrice. Elle est réservée aux formes graves, et généralement effectuée à partir d'un donneur HLA identique, issu de la fratrie.
Malheureusement, il n'est pas toujours possible d'identifier un donneur compatible. C'est pour pallier ce cas de figure qu'une équipe de l'AP-HP a testé une autogreffe de cellules souches hématopoïétiques modifiées par thérapie génique.
Un première allogreffe des propres cellules souches du patient modifiées par thérapie génique
En septembre 2014, à l'Hôpital Necker - Enfants malades de Paris et à l'Institut Imagine (un institut de recherche basé dans cet hôpital, dont la mission est de parvenir à guérir les maladies génétiques), une équipe dirigée par le Pr Marina Cavazzana a réalisé une thérapie génique sur un adolescent atteint de drépanocytose.
Pour y parvenir, ils ont modifié ses propres cellules souches hématopoïétiques en y insérant, par le biais d'une mise en contact avec un lentivirus, qui sert de virus vecteur ("LentiviralBeta AT87Q-Globin", produit par la société bluebird bio, promotrice de l'essai clinique), le gène codant pour la production d'hémoglobine normale.
Cette animation, effectuée par bluebird bio, permet de visualiser ce procédé :
Des résultats prometteurs mais préliminaires et donc à confirmer
Les résultats, 9 mois après la greffe, ont été présentés début décembre 2015 à l'American Society of Hematology : cette thérapie génique a permis à ce patient de produire de l'hémoglobine normale, à raison de 51,5 % de la totalité de l'hémoglobine produite, ce qui l'a libéré des échanges transfusionnels mensuels préalablement nécessaires.
Si ces premiers résultats, très préalables, étaient confirmés, ce type de thérapie génique pourrait devenir une thérapeutique curative pour les patients ne bénéficiant pas d'un donneur HLA compatible.
Pour aller plus loin
Le communiqué de presse de l'AP-HP sur cet essai de thérapie génique, 15 décembre 2014.
Le guide ALD "Syndromes drépanocytaires majeurs de l'adulte", Haute autorité de santé, janvier 2010, actualisé en janvier 2014.
"Prise en charge de la drépanocytose chez l'enfant et l'adolescent", Haute autorité de santé, septembre 2005.
Le site de l'Institut Imagine
Sur VIDAL.fr
VIDAL Reco "Drépanocytose"
Sources
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