
Médecine des voyages
La schistosomose, ou bilharziose, urinaire est une affection parasitaire due à Schistosoma haematobium. Elle est endémique en Afrique intertropicale, à Madagascar et au Moyen-Orient. Des foyers ont été rapportés au Yemen et en Afrique du Nord. L'homme se contamine par pénétration cutanée des furcocercaires, formes infectantes mobiles, lors d'un contact même bref avec de l'eau douce. Les furcocercaires sont émises à partir d'un mollusque hôte intermédiaire du genre Bullinus.
En 2014, un foyer de transmission autochtone de schistosomose urogénitale a été mis en évidence en Corse du Sud à l'occasion d'un diagnostic porté chez des personnes n'ayant jamais séjourné en zone d'endémie mais s'étant baignées l'été dans la rivière Cavu entre 2011 et 2013. Une campagne nationale d'information et de dépistage sérologique réalisée en 2014 a permis de diagnostiquer plus de 110 cas autochtones en lien avec des baignades dans la rivière Cavu. Pour 26 d'entre-eux le diagnostic parasitologique a été possible avec la mise en évidence des œufs dans les urines 62% des cas dépistés ont précisé s'être baigné dans la rivière Cavu dans la première quinzaine d'août 2013.
L'étude génomique a permis de rapporter la présence d'hybride de Schistosoma haematobium-Schistosoma bovis et de Schistosoma haematobium.
L'existence d'un cycle ancien connu de Schistosoma bovis en Corse persitant jusque dans les années 1960 a conduit l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail à diligenter une enquête épidémiologique chez les animaux, enquête qui pour l'instant n'a pas mis en évidence d'installation pérenne d'un foyer en Corse. Toutefois toutes les conditions sont réunies pour conduire à la reprise d'une contamination humaine.
Le Haut Conseil de la Santé Publique rappelle le risque d'extension, au sud de la France dans un premier temps, de la zone de présence du parasite et de son hôte intermédiaire (présent en Espagne, au Portugal et en Corse). Il rappelle également qu'il est nécessaire dans un premier temps de diagnostiquer les cas puis de mener des investigations (lieux et circonstances de contaminations…) et, enfin, de prendre des mesures pour interrompre la chaîne de transmission.
Le Haut Conseil de la santé publique et l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail recommandent que la bilharziose urogénitale autochtone soit ajoutée à la liste des maladies à déclaration obligatoire figurant à l'article D. 3113-6 du code de la santé publique et précise les critères susceptibles de figurer dans la définition de cas.
Par ailleurs, le Haut Conseil de la santé publique recommande que l'ajout de la bilharziose urogénitale à la liste des maladies à déclaration obligatoire s'accompagne d'une information des professionnels de santé afin de les sensibiliser à la situation en Corse.
L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail insiste également sur la prévention du risque de schistosomose chez les voyageurs. Cette parasitose dont la contamination se fait par contact avec l'eau douce peut en effet évoluer à bas bruit et se révéler tardivement et le voyageur pouvant alors être source d'introduction du parasite dans les zones de présence du mollusque hôte intermédiaire.
L'Organisation mondiale de la santé a par ailleurs ajouté la Corse dans la liste des régions dans lesquelles la schistosomose urinaire sévit.
Source : Haut Conseil de la santé publique.
Commentaires
Cliquez ici pour revenir à l'accueil.