
Leucoencéphalopathie multifocale progressive (illustration @ Creative Commons 3.0, sur Wikimedia).
Le laboratoire Biogen, en accord avec l'EMA (Agence européenne du médicament) et l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), annonce un renforcement des mesures mises en place pour minimiser le risque de leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP) chez les sujets traités par TECFIDERA (diméthyl fumarate).
Cette infection grave, causée par le virus John-Cunningham (JCV), a été rapportée et confirmée chez 3 patients (en 2014 et 2015) présentant une sclérose en plaques (SEP) et traités par diméthyl fumarate.
Le premier cas, rapporté en octobre 2014, avait conduit au renforcement de la surveillance de l'hémogramme pendant le traitement (notre article du 9 décembre 2014).
Précautions à prendre avant de débuter TECFIDERA
Les nouvelles mesures de minimisation du risque de LEMP comportent un ensemble de précautions à prendre avant d'initier le traitement par TECFIDERA :
- s'assurer qu'un hémogramme comprenant une numération des lymphocytes soit effectué ;
- disposer d'une IRM initiale de référence datant de moins de trois mois.
La prise en charge se devant d'être précoce, l'information des patients est essentielle tant sur les risques de LEMP que :
- sur les symptômes cliniques possibles évoquant une LEMP ;
- sur les mesures à prendre si ces symptômes apparaissent.
Signal d'alerte
La surveillance de l'hémogramme incluant la numération des lymphocytes doit être réalisée tous les 3 mois. Cette surveillance permet de détecter une lymphopénie.
En présence d'une lymphopénie sévère et prolongée, c'est-à-dire un nombre de lymphocytes inférieur à 0,5 x 109/L persistant pendant plus de 6 mois, deux stratégies thérapeutiques peuvent être envisagées :
- l'arrêt du traitement par TECFIDERA, avec une surveillance des patients poursuivie jusqu'à ce que le taux de lymphocytes revienne à la normale.
- le maintien du traitement par TECFIDERA, avec une surveillance et une information des patients renforcées :
- rappeler aux patients et à leur entourage les symptômes cliniques précoces à reconnaître ;
- renforcer la surveillance clinique, notamment la survenue de tout signe et symptôme neurologique évocateur ou l'apparition d'un nouveau dysfonctionnement neurologique : troubles moteurs, symptômes cognitifs ou psychiatriques. Il est important de tenir compte du fait que la LEMP peut présenter des caractéristiques similaires à celles de la SEP car ces deux pathologies entraînent une démyélinisation ;
- envisager la réalisation d'une IRM dans un contexte de surveillance renforcée chez les patients à risque de LEMP, conformément aux recommandations nationales et locales.
En cas de suspicion d'une LEMP, le traitement par TECFIDERA doit être arrêté.
La sérologie JCV est d'interprétation délicate
La LEMP est une infection opportuniste causée par le John-Cunningham virus (JCV).
Si une sérologie JCV est réalisée, les éléments suivants doivent être pris en compte dans l'interprétation des résultats :
- l'influence de la lymphopénie sur la précision du test de détection des anticorps anti-JCV n'a pas été étudiée chez les patients traités par TECFIDERA ;
- un test de détection des anticorps anti-JCV négatif (en présence de taux normaux de lymphocytes) n'exclut pas la possibilité d'une infection ultérieure par le JCV.
Profil des patients ayant développé une LEMP
Le premier cas, d'issue fatale, a été rapporté en octobre 2014 (voir notre article du 9 décembre 2014) chez un patient allemand traité pour une sclérose en plaques par diméthyl fumarate pendant 4,5 ans.
Ce patient a présenté une lymphopénie sévère et prolongée (pendant plus de 3,5 ans) alors qu'il était sous TECFIDERA.
Les deux autres cas ont été confirmés en 2015, aux Etats-Unis et en Allemagne.
Il s'agissait d'hommes (64 et 59 ans) traités par TECFIDERA depuis plusieurs mois (2 ans pour l'un et environ 1,5 ans pour l'autre).
Le diagnostic de LEMP a été posé après moins de 1,5 ans et approximativement 1 an après l'apparition d'une lymphopénie sévère et prolongée (nombre de lymphocytes <= 0,5 x 109/L avec un nadir de 0,3 x 109/L pour le premier patient et en majorité < 0,5 x 109/L pour le second patient).
Aucun des trois patients n'avait préalablement reçu de médicaments connus pour entraîner un risque de LEMP.
Les patients avaient tous les 3 une sérologie JCV positive au moment du diagnostic de LEMP.
Pour mémoire
TECFIDERA gélule est indiqué dans le traitement des patients adultes atteints de sclérose en plaques de forme rémittente récurrente (Cf. Reco VIDAL Sclérose en plaques).
Il est proposé sous 2 dosages, à 120 et 240 mg de diméthyl fumarate.
TECFIDERA peut être délivré en pharmacie de ville depuis juillet 2015 (voir notre article du 2 juillet 2015).
La prescription de TECFIDERA est réservée aux spécialistes en neurologie et doit être établie selon la procédure des médicaments d'exception (en conformité avec la fiche d'information thérapeutique).
Pour aller plus loin
Tecfidera® (diméthyl fumarate) : nouvelles mesures pour minimiser le risque de LEMP - Lettre aux professionnels de santé (ANSM, 30 novembre 2015)
Lettre du laboratoire Biogen aux professionnels de santé (sur le site de l'ANSM, 23 novembre 2015)
Sur Vidal.fr
TECFIDERA (diméthyl fumarate) : recommandations suite à un cas fatal de LEMP (9 décembre 2014)
TECFIDERA gélule gastrorésistante (diméthyle fumarate) : désormais disponible en ville (2 juillet 2015)
Pour aller plus loin
Consultez les monographies VIDAL
Consultez les VIDAL Recos
Sources
Pour recevoir gratuitement toute l’actualité par mail Je m'abonne !
Commentaires
Cliquez ici pour revenir à l'accueil.