
Exemple d'urticaire au froid (illustration @Nicolas8241 sur Wikimedia).
Le canakinumab, principe actif d'ILARIS, est un anticorps monoclononal humain anti-IL1bêta (inhibiteur de l'interleukine 1bêta).
Les anti-IL1 sont actuellement les seuls traitements de fond ayant démontré leur efficacité dans les CAPS, maladies auto-inflammatoires héréditaires (mutation du gène NALP3/NLRP3 qui code pour la cryopirine) ayant trois expressions phénotypiques de gravité croissante :
- l'urticaire familial au froid (FCU) ou syndrome familial auto-inflammatoire au froid (FCAS), forme la moins sévère des CAPS ;
- le syndrome de Muckle-Wells (MWS), syndrome d'urticaire fébrile avec arthrites et surdité neurologique, dont la gravité réside dans la survenue inconstante d'une amylose généralisée de type AA ;
- le syndrome CINCA (chronique, infantile, neurologique, cutané, articulaire, appelé NOMID en Amérique du Nord), forme la plus sévère qui évolue dans un contexte d'inflammation chronique, avec poussées de fièvre d'intensité variable et survenue de méningite aseptique à polynucléaires neutrophiles.
Le début précoce de ces cryopyrinopathies rend nécessaire d'instaurer, dès le diagnostic, un traitement efficace pour prévenir les poussées de la maladie et tenter d'éviter l'apparition d'une amylose secondaire, ce d'autant que, chez les enfants âgés de 2 ans à moins de 4 ans, la fréquence des formes sévères (NOMID/CINCA avec risque d'atteinte neurologique et articulaire) est plus importante.
L'indication d'ILARIS dans le traitement des CAPS a été étendue aux enfants de 2 ans et pesant au moins 7,5 kg en janvier 2013.
En 2013, le CHMP a également émis un avis favorable à l'utilisation d'un autre anti-IL1, l'anakinra (KINERET 100 mg/0,67 ml solution injectable en seringue préremplie), dans le traitement des CAPS en pédiatrie (bébés à partir de 8 mois et pesant au moins 10 kg). Cependant, cette spécialité n'a pas été évaluée dans cette indication par la Commission de la transparence et par conséquent, n'est pas remboursable dans le traitement des CAPS actuellement.
Une évaluation positive par la HAS, mais des données complémentaires attendues
L'efficacité et la tolérance du canakinumab ont été évaluées à partir des données intermédiaires à 48 semaines de 2 études ouvertes (2306 et 2308), ayant inclus 185 patients atteints de CAPS, naïfs de canakinumab, dont 7 enfants âgés de 2 ans à moins de 4 ans parmi lesquels 6 étaient atteints d'un NOMID (voir Avis de la Comition de la transparence - HAS, 5 février 2014).
Des analyses post-hoc ont été réalisées en fonction de la dose administrée et de l'âge.
Le critère de jugement principal était :
- dans l'étude 2306, une réponse complète (voir Encadré 1) ;
- dans l'étude 2308, le nombre de patients sans rechute (voir Encadré 2)
Encadré 1 - Définition d'une réponse complète, critère principal de jugement de l'étude 2306
Evaluée par l'investigateur, une réponse complète était définie par :
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Encadré 2 - Définition d'une rechute, critère principal de jugement de l'étude 2308
Chez les patients ayant obtenu une réponse complète, une rechute était définie par :
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Le métabolime plus rapide du canakinumab chez les enfants de moins de 4 ans a nécessité d'augmenter les doses > 2 mg/kg pour obtenir une réponse clinique suffisante chez 6 patients sur 7, le plus souvent jusqu'à 8 mg/kg et plus.
Les résultats de ces études ont montré :
- une réponse complète chez 4 des 7 patients ;
- l'absence de rechute chez 2 des 4 patients en réponse complète ;
- une seule réponse complète chez les 4 patients ayant nécessité une augmentation de dose à 600 mg (8 mg/kg).
En termes de tolérance, les événements indésirables les plus fréquemment observés chez les enfants de 2 ans à moins de 4 ans ont été des infections d'intensité légère à modérée (rhinopharingites, rhinites).
Dans le groupe traité par la dose de 600 mg (8 mg/kg), les événements indésirables plus fréquemment rapportés que dans les groupes avec d'autres doses ont été les infections (gastroentérites, infections du tractus respiratoire, y compris hautes), les vomissements et les étourdissements.
La tolérance locale a été bonne et aucun événement indésirable n'a motivé d'arrêt de traitement.
Dans le groupe traité par la dose de 600 mg (8 mg/kg), les événements indésirables plus fréquemment rapportés que dans les groupes avec d'autres doses ont été les infections (gastroentérites, infections du tractus respiratoire, y compris hautes), les vomissements et les étourdissements.
La tolérance locale a été bonne et aucun événement indésirable n'a motivé d'arrêt de traitement.
Malgré les limites méthodologiques des données disponibles (faible nombre de patients âgés de 2 ans à moins de 4 ans atteints de CAPS), la Commission de la transparence a considéré, dans son avis du 5 février 2014, qu'en l'absence d'alternative thérapeutique disponible et prise en charge à ce jour, le canakinumab occupe une place indiscutable dans la prise en charge des CAPS chez les patients âgés de 2 ans à moins de 4 ans et pesant moins de 7,5 kg.
Plaçant ILARIS comme traitement de 1re intention dans la stratégie thérapeutique des CAPS, la CT a émis un avis favorable au remboursement d'ILARIS dans cette indication, jugeant le SMR (service médical rendu) et l'ASMR (amélioration du service médical rendu) importants (ASMR II).
Plaçant ILARIS comme traitement de 1re intention dans la stratégie thérapeutique des CAPS, la CT a émis un avis favorable au remboursement d'ILARIS dans cette indication, jugeant le SMR (service médical rendu) et l'ASMR (amélioration du service médical rendu) importants (ASMR II).
La Commission souhaite disposer, lors de sa prochaine évaluation quinquennale, en complément des données du registre Bêta-Confident, de données de suivi de l'ensemble des patients CAPS traités par ILARIS en France en termes d'efficacité, de tolérance et de doses utilisées (des doses élevées maintenues au long cours augmentant notamment le risque d'infections).
Extension et conditions du remboursement d'ILARIS
Conformément à cet avis, ILARIS 150 mg poudre et solvant pour solution injectable (canakinumab) est désormais remboursable chez les enfants de 2 ans et plus et pesant au moins 7,5 kg lorsqu'il est utilisé dans le traitement des syndromes périodiques associés à la cryopyrine (CAPS) incluant :
Extension et conditions du remboursement d'ILARIS
- le syndrome de Muckle-Wells (MWS) ;
- le syndrome chronique infantile neurologique, cutané et articulaire (CINCA)/la maladie systémique inflammatoire à début néo-natal (NOMID) ;
- les formes sévères du syndrome familial auto-inflammatoire au froid (FCAS) ou urticaire familial au froid (FCU) présentant une symptomatologie ne se limitant pas à l'éruption urticarienne induite par le froid.
ILARIS est un médicament d'exception.
Pour ouvrir droit au remboursement à 100 %, la prescription doit être en conformité avec la fiche d'information thérapeutique (Journal officiel du 3 novembre 2015 - texte 17).
Le prix de vente au public d'ILARIS s'élève à 11 361,17 € TTC (1 kit d'injection).
La prescription d'ILARIS est hospitalière.
Son initiation et son renouvellement sont réservés aux spécialistes en rhumatologie, en médecine interne, en dermatologie ou en pédiatrie.
ILARIS doit faire l'objet d'une surveillance particulière pendant le traitement (voir Encadré 3).
Encadré 3 - Suivi biologique des patients sous biothérapie
Tous les 3 mois | NFS, CRP, ASAT, ALAT, gammaGT, bilirubine totale |
Tous les 6 mois | Cholestérol total LDL-c HDL-c |
2 fois par an | SAA (serum amyloid A) Rapport protéinurie/créatininurie |
Une augmentation de la posologie initiale envisageable jusqu'à 8 mg/kg
La dose initiale recommandée d'ILARIS est de 4 mg/kg chez les patients pesant au moins 7,5 kg.
La dose doit être administrée par injection sous-cutanée (haut de la cuisse, abdomen, haut du bras ou fesse) toutes les 8 semaines en dose unique.
Chez les patients recevant une dose initiale de 4 mg/kg, l'administration d'une seconde dose de 4 mg/kg d'ILARIS peut être envisagée 7 jours après le début du traitement en l'absence de réponse clinique satisfaisante.
Dans ce cas, si une réponse totale au traitement est obtenue, le maintien du schéma posologique augmenté à 8 mg/kg toutes les 8 semaines doit être envisagé sur la base d'un jugement clinique individuel (Cf. Schéma décisionnel - Monographie VIDAL d'ILARIS - Posologie et mode d'administration).
Pour mémoire : les autres indications d'ILARIS
La dose doit être administrée par injection sous-cutanée (haut de la cuisse, abdomen, haut du bras ou fesse) toutes les 8 semaines en dose unique.
Chez les patients recevant une dose initiale de 4 mg/kg, l'administration d'une seconde dose de 4 mg/kg d'ILARIS peut être envisagée 7 jours après le début du traitement en l'absence de réponse clinique satisfaisante.
Dans ce cas, si une réponse totale au traitement est obtenue, le maintien du schéma posologique augmenté à 8 mg/kg toutes les 8 semaines doit être envisagé sur la base d'un jugement clinique individuel (Cf. Schéma décisionnel - Monographie VIDAL d'ILARIS - Posologie et mode d'administration).
Les autres indications d'ILARIS sont les suivantes :
- traitement de l'arthrite juvénile idiopathique systémique (AJIs) active chez les patients âgés de 2 ans et plus, qui ont présenté une réponse inadéquate à un précédent traitement par anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et par corticoïdes systémiques. Ilaris peut être utilisé en monothérapie ou en association au méthotrexate ;
- traitement symptomatique des patients adultes présentant des crises fréquentes d'arthrite goutteuse (au moins 3 crises au cours des 12 mois précédents) chez qui les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et la colchicine sont contre-indiqués, mal tolérés ou n'entraînent pas de réponse suffisante et chez qui des cures répétées de corticoïdes ne sont pas appropriées.
A ce jour, ces indications ne sont pas remboursables.
Pour aller plus loin
Avis de la Commission de la Transparence (HAS, 5 février 2014)
Arrêté du 30 octobre 2015 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables aux assurés sociaux - Fiche d'information thérapeutique (Journal officiel du 3 novembre 2015 - texte 17)
Arrêté du 30 octobre 2015 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques agréées à l'usage des collectivités (Journal officiel du 3 novembre 2015 - texte 18)
Pour aller plus loin
Avis de la Commission de la Transparence (HAS, 5 février 2014)
Arrêté du 30 octobre 2015 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables aux assurés sociaux - Fiche d'information thérapeutique (Journal officiel du 3 novembre 2015 - texte 17)
Arrêté du 30 octobre 2015 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques agréées à l'usage des collectivités (Journal officiel du 3 novembre 2015 - texte 18)
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