
lecteur d'INR
Les antivitamines K (AVK) agissent en fluidifiant le sang et sont utilisés pour prévenir la formation de caillots sanguins chez les personnes à risque (porteurs d’une valve cardiaque, personnes souffrant de thrombose veineuse profonde, de fibrillation auriculaire ou ayant des antécédents d’infarctus du myocarde, par exemple).
Le mode d’action des anticoagulants impose d’équilibrer régulièrement la posologie. En effet, un surdosage en antivitamines K expose le patient à un risque d’hémorragie et un sous-dosage augmente le risque de développer un caillot sanguin. Pour savoir si le traitement est équilibré, il est nécessaire de contrôler la capacité du sang à coaguler en mesurant l’INR (International Normalized Ratio). Ce contrôle se fait par des prises de sang régulières et une adaptation du traitement par le médecin en fonction des résultats.
Il existe également des appareils d’autocontrôle permettant au patient de mesurer son INR à domicile. Ces appareils fonctionnent en prélevant une goutte de sang, sur le même principe que les lecteurs de glycémie utilisés par les personnes diabétiques. Le patient peut ainsi adapter lui-même son traitement. Très répandus en Allemagne et aux États-Unis, ces dispositifs sont peu utilisés en France.
Cette alternative au dosage de l'INR en laboratoire est-elle efficace ? Une équipe britannique a comparé l’intérêt et la sécurité de l’autocontrôle de l’INR et de l’adaptation du traitement par le patient lui-même, par rapport à un dosage en laboratoire et un équilibrage par le médecin. Les auteurs ont rassemblé des données provenant de onze essais comparant les deux méthodes. L’analyse a porté au total sur 6.417 patients, dont la moitié présentait une fibrillation auriculaire et un tiers portait une valve cardiaque mécanique.
Selon cette analyse, l’autocontrôle de l’INR serait plus efficace que la méthode classique pour prévenir la formation d’un caillot de sang, avec une réduction de 49% de ce risque. Ces résultats sont particulièrement marqués chez les sujets âgés de moins de 55 ans et chez les porteurs de valve cardiaque. En outre, l’autoéquilibrage du traitement en fonction de l'INR ne semble pas présenter de problème de sécurité.
Pour les auteurs, l’autocontrôle de l’INR et l’autoéquilibrage du traitement par le patient est une méthode intéressante pour améliorer l’efficacité des AVK sans en accroître les risques, à condition bien entendu que les patients soient préalablement formés à l'usage de ces appareils.
Actuellement en France, les appareils d’automesure de l’INR sont remboursés uniquement pour les enfants. Cette analyse britannique pourrait peut-être amener la Haute autorité de santé (HAS) à revoir sa position concernant ces dispositifs et leur prise en charge. En 2009, elle avait jugé que leur intérêt thérapeutique et économique n’était pas suffisamment démontré pour envisager le remboursement de ces appareils chez l’adulte.
Source : Heneghan C et al : Self-monitoring of oral anticoagulation: systematic review and meta-analysis of individual patient data. Lancet, Décembre 2011.
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