Antalgiques chez la femme enceinte : prudence !

Les antalgiques sont les médicaments utilisés pour soulager la douleur. Parmi les antalgiques destinés aux douleurs courantes (dits « antalgiques de niveau I »), on peut citer le paracétamol, l’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (par exemple, l'ibuprofène). Parce que, au cours d’expériences chez le rat, l'administration d'antalgiques de niveau I pendant la gestation a été associée à des anomalies des organes génitaux mâles, une équipe de chercheurs français, danois et finlandais a réalisé une étude visant à observer les effets de ces médicaments dans l'espèce humaine.

Pour cela, 2.297 femmes enceintes danoises et finlandaises ont répondu à un questionnaire permettant de connaître leur consommation d’antalgiques de niveau I pendant leur grossesse. Parmi les participantes, 491 Danoises ont également fait l'objet d'un entretien téléphonique. Les petits garçons nés de ces grossesses ont été examinés par des pédiatres afin de dépister des anomalies des organes génitaux (notamment, des testicules non descendus dans les bourses).

Chez les participantes danoises, l’utilisation d’antalgiques de niveau I (y compris le paracétamol) pendant la grossesse est associé à un risque plus élevé d’anomalies des testicules chez les garçons. Ce risque serait proportionnel à la quantité d’antalgiques pris par la mère, et augmenté en cas d’association simultanée de plusieurs antalgiques. En revanche, cet effet n’a pas été observé parmi les participantes finlandaises.

Les auteurs concluent néanmoins à une relation entre la prise d’antalgiques de niveau I pendant la grossesse et des anomalies des testicules chez l’enfant mâle, pouvant donner lieu à des troubles de la fertilité ultérieurs. D’autres études s’avèrent nécessaires pour confirmer ces conclusions. Rappelons que, à l'exception du paracétamol, les antalgiques de niveau I sont contre-indiqués pendant les quatre derniers mois de grossesse, et que la prise de médicaments pendant la grossesse, quels qu'ils soient, nécessite toujours un avis médical préalable.

Source : Møbjerg Kristensen D et al : Intrauterine exposure to mild analgesics is a risk factor for development of male reproductive disorders in human and rat. Human reproduction, 8 novembre 2010.