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Guinée : la stratégie de lutte contre Ebola commence à porter ses fruits

18 janvier 2015 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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Médecine des voyages

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L'inflexion de l'épidémie se confirme au Liberia et s'amorce en Guinée et en Sierra Leone. Le point de situation suivant précise la situation en Guinée.

Depuis le début de l'épidémie jusqu'à la date du 11 janvier 2015, 2 806 cas on été déclarés en Guinée, dont 1 814 décès (65 %), tandis que 924 cas confirmés sont sortis guéris des centres de traitement Ebola (CTE). Après un pic observé en novembre 2014 (522 cas), le nombre de nouveaux cas décroit : 495 cas en décembre 2014 et 77 cas à la date du 11 janvier 2015.

Une baisse significative de l'incidence des infections à Ebola est observée en Guinée forestière, sauf dans la préfecture de Lola. La baisse est également sensible en Haute Guinée, où la stratégie de prise en charge des cas au niveau de centres temporaires de proximité et les efforts de lutte pour le suivi des contacts ont été bénéfiques. Dans plusieurs préfectures de ces régions vont commencer la recherche active de cas non identifiés qui persisteraient dans les villages ; des équipes de riposte sont maintenues pour répondre aux alertes. 

L'incidence en Basse Guinée (préfectures de Coyah, Forékariah, Dubréka et Kindia) ne baisse pas, en grande partie du fait des nombreuses réticences qui persistent dans cette région. Parfois, ces réticences sont à l'origine d'événements très graves avec atteinte aux personnes, comme cela a été le cas le 10 janvier dans un village de la préfecture de Forékariah. Dans la capitale, l'incidence est moins élevée cette semaine (10 cas confirmés) par rapport à l'incidence des semaines précédentes. 

Plusieurs facteurs convergents, dont il est difficile de préciser l'impact respectif, peuvent expliquer cette baisse rapide d'incidence : 

  • En premier lieu le renforcement de la lutte dans les préfectures actives depuis ces deux derniers mois ; 
  • La baisse persistante de l'épidémie dans la zone forestière frontalière du Liberia (district de Lofa notamment) ; 
  • Et enfin la saison sèche (saison de l'Harmattan), qui influence l'épidémie de deux manières : tout d'abord en améliorant l'accessibilité des villages aux équipes de lutte par rapport à la saison des pluies, et par ailleurs en créant des conditions écologiques et environnementales probablement moins favorables à la transmission du virus. Les conditions climatiques semblent en effet influencer la transmission : ainsi on note un gradient d'incidence diminuant au fur et à mesure que l'on se rapproche des régions sahéliennes. La plupart des préfectures du nord de la Guinée n'ont pas été touchées par l'épidémie. De même, les deux épisodes de fièvre à virus Ebola au Mali à partir de malades guinéens n'ont pas été à l'origine d'épidémies importantes et durables, sans nier bien entendu l'importance des actions de lutte menées localement. 

Il faut profiter de ces conditions plus favorables pour en terminer avec l'épidémie, avec toute la prudence qui s'impose. C'est l'objectif de l'initiative « zéro Ebola en 60 jours », qui s'inscrit dans le cadre du Plan national accéléré de lutte rédigé et adopté en décembre dernier. Bien entendu, la lutte pour en finir doit être coordonnée entre les trois pays épidémiques avec des actions transfrontalières. L'OMS doit organiser dans les jours à venir un premier atelier inter-pays en Guinée dans ce but. Des actions préfectorales transfrontalières ont déjà été réalisées en Guinée, comme dans la préfecture de Guéckédou.

La stratégie de lutte contre la maladie à virus Ebola est globale et associe les actions suivantes :

  • Sensibilisation des populations et des enfants en milieu scolaire à l'aide de supports de communication adaptés (messages radiodiffusés en langues vernaculaires au niveau des radios rurales, distribution de dépliants, utilisation d'une boite à images) avec prévention et contrôle des réticences par la négociation avec l'appui des ressortissants (personnalités ne vivant plus dans la localité) des localités réticentes et l'adaptation des protocoles d'intervention des équipes de sensibilisation et d'investigation ; l'emploi des forces de gendarmerie n'est mis en oeuvre qu'en dernier recours dans les situations les plus graves de troubles à l'ordre public ; l'inititiative de remobilisation intitulée « Zéro Ebola en 60 jours » est mise en oeuvre à partir de la semaine 02/2015.
  • Mise en place d'un système d'alerte précoce par les agents communautaires, les tradipraticiens et les comités de veille villageois (CVV), qui sont en cours de mise en place, lors de l'apparition de cas ou de décès communautaires suspects.
  • Enterrements sécurisés par les équipes de la croix rouge guinéenne en présence de membres de la famille associés à des mesures d'accompagnement (sensibilisation préalable par les CVV et les autorités traditionnelles villageoises, condoléances, offrandes).
  • Identification des sujets contacts et suivi à 100 % de ces contacts pendant une durée de 21 jours au maximum (incubation maximale de l'infection à virus Ebola) avec mesures d'incitation au maintien à domicile par la fourniture de denrées alimentaires adaptées (riz) ; le suivi à 100 % des contacts est un objectif majeur pour contrôler la transmission et atteindre l'objectif d'élimination de la maladie à virus Ebola en Guinée.
  • Alerte par l'entourage, le CVV ou les agents communautaires en cas de départ effectif (ou suspicion par non présentation au contrôle quotidien pendant 2 jours consécutifs) de la préfecture d'un sujet contact par tous les moyens possibles (coursier vers le centre de santé le plus proche, téléphone ou appel au 115, alerte auprès des services de l'aéroport de Conakry) en indiquant l'identité du contact et autant que possible le lieu probable de destination et les coordonnées de la famille d'accueil.
  • Prise en charge médicale rapide des contacts présentant des signes de maladie à virus Ebola avec transport médical sécurisé vers le centre de transit, le centre provisoire de transit ou le centre de traitement Ebola le plus proche. Le pronostic des patients infectés dépend de la rapidité et de la qualité de la prise en charge.  

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