#Médecine des voyages

Selon l’OMS, le paludisme recule, mais des efforts importants restent nécessaires

17 décembre 2014 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
1
2
3
4
5
(aucun avis, cliquez pour noter)
Publicité
Médecine des voyages

Médecine des voyages

Le 9 décembre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu public son rapport annuel sur la situation du paludisme dans le monde. Le document de 262 pages, établi essentiellement sur des données relevées en 2013, fait état d'un net recul de l'incidence et de la mortalité de la maladie : de 2000 à 2013, 55 des 106 pays où la transmission était active ont vu le nombre de nouveaux cas chuter de plus de 75 % et parfois même s'annuler (cette réduction de l'incidence de 75 % était l'objectif fixé par l'Assemblée mondiale de la santé pour 2015). De façon remarquable, l'incidence de l'infection diminue également dans les pays d'Afrique, où elle était toujours la plus élevée ; en Afrique centrale, malgré une population exposée en très forte progression, le nombre d'infections est passé de 173 millions en 2000 à 128 millions en 2013, soit une diminution de 26 %.

Dans le même temps, la mortalité a chuté de 47 % dans le monde et de 54 % en Afrique, où elle a toujours été la plus importante (globalement, depuis 2001, 4,3 millions de décès par paludisme auraient été évités). Si cette baisse se poursuit, l'OMS estime que d'ici 2015, la mortalité due au paludisme devrait chuter de 55 % au niveau mondial et de 62 % en Afrique, et la baisse devrait être encore plus marquée chez les enfants de moins de 5 ans.

Pour l'OMS, d'autres indicateurs évoluent de façon positive. Le recours à des tests de diagnostic, là où le traitement du paludisme était souvent « probabiliste », est de plus en plus fréquent : de 200 000 tests de diagnostic rapide (TDR) distribués par les programmes nationaux en 2005, on est passé à 160 millions en 2013. Cette même année, en Afrique, 62 % des patients hospitalisés pour suspicion de paludisme ont eu droit à un test diagnostique, contre 40 % en 2010. Confrontés à l'apparition d'une résistance à la chloroquine, 79 des 88 pays où Plasmodium falciparum, le plus redoutable des 5 agents du paludisme chez l'homme, est endémique ont dû adopter les associations thérapeutiques comprenant des dérivés de l'artémisinine (ACT : artemisinin-based combination therapies) comme traitement de première intention. En 2013, 392 millions de ces traitements ont été achetés, pour l'essentiel par le secteur public. Celui-ci était ainsi en mesure de traiter plus de 70 % des patients atteints de paludisme sollicitant un traitement. L'OMS souligne qu'en Afrique, pour la première fois en 2013, le nombre de tests de diagnostic distribués a dépassé celui des traitements, ce qui pourrait indiquer que le traitement se fait de moins en moins à l'aveugle. La protection contre les vecteurs a également progressé : en Afrique sub-saharienne, 49 % des sujets exposés ont accès à une moustiquaire imprégnée d'insecticide dans leur foyer (contre 3 % en 2004), et 44 % (surtout les femmes enceintes et les enfants) l'utilisent.

Cette évolution encourageante fait dire à Margaret Chan, directrice générale de l'OMS, qu'il est possible de gagner la bataille contre le paludisme. Elle compte pour cela sur les efforts et financements internationaux, dont ceux du partenariat Roll Back Malaria lancé en 1998, sur les initiatives régionales de plus en plus nombreuses, et sur l'efficacité croissante des outils disponibles. En l'absence de vaccin, pour lequel la recherche reste très active, les stratégies de lutte ont dû se tourner vers d'autres moyens. L'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticide s'étend (en 2014, il est prévu que 214 millions de moustiquaires imprégnées d'insecticides de longue durée seront distribuées en Afrique sub-saharienne) en complément des pulvérisations domiciliaires d'insecticides rémanents, l'accès et l'utilisation des ACT et des tests de diagnostic s'améliorent.

Il reste cependant des sujets d'inquiétude et des progrès à faire. Le paludisme menace encore 3,2 milliards d'individus, soit près de la moitié de la population du globe, et avec l'émergence de Plasmodium knowlesi, ce sont à présent 5 parasites qui sont susceptibles d'infecter l'homme. Le plus important d'entre eux, P. falciparum, développe rapidement des résistances aux molécules utilisées pour la prévention ou le traitement des infections, alors que les moustiques vecteurs font de même vis-à-vis des insecticides. Face à cette situation, les mesures prises et les comportements ne sont pas toujours adaptés. La surveillance des résistances aux insecticides n'est pas effectuée de façon rigoureuse par tous les pays concernés (49 ont observé ces résistances depuis 2010) ; des laboratoires pharmaceutiques et des pays (dont l'Inde) continuent de proposer l'artémisinine en monothérapie ; les pulvérisations intra-domiciliaires d'insecticide et le traitement systématique des femmes enceintes n'atteignent pas les niveaux attendus ; des millions d'enfants ne reçoivent pas les traitements ACT préconisés. Par ailleurs, il a fallu constater que l'épidémie de fièvre Ebola qui sévit en Afrique de l'Ouest, les comportements et les mesures d'urgence qu'elle a suscités, ont eu « un impact dévastateur sur la prestation des services de santé » dans les pays les plus touchés, permettant au paludisme et à d'autres infections de faire à nouveau de nombreuses victimes. Des investissements importants restent donc nécessaires (le financement internationale de la lutte contre le paludisme a atteint 2,7 milliards de dollars en 2013, alors que 5,1 milliards sont estimés nécessaires) et la communauté internationale doit continuer à « agir avec détermination et diligence, et rester concentré(e) sur (un) objectif commun : créer un monde où plus personne ne meurt à cause du paludisme, un monde enfin débarrassé de ce fléau ».

Références

Les commentaires sont momentanément désactivés

La publication de commentaires est momentanément indisponible.

Pour recevoir gratuitement toute l’actualité par mail Je m'abonne !
Publicité
Dans la même rubrique
Publicité
Presse - CGU - CGV VIDAL Expert - Données personnelles - Politique cookies - Mentions légales - Contact webmaster