#Médecine des voyages

Situation de l’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola en Guinée à la date du 7 décembre 2014

10 décembre 2014 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
1
2
3
4
5
(aucun avis, cliquez pour noter)
Publicité
Médecine des voyages

Médecine des voyages

La situation de l'épidémie doit être appréciée en tenant compte de la probable sous-déclaration qui n'a a priori pas évolué. Depuis le début de l'épidémie jusqu'à la date du 7 décembre 2014, le total des cas déclarés (suspects-probables-confirmés) en Guinée est de 2 292 cas dont 1 428 décès (62 %). Au total, 737 cas confirmés sont sortis guéris des centres de traitement Ebola (CTE) depuis le début de l'épidémie.

Dix préfectures (Fria, Gaoual, Koubia, Koundara, Labé, Lélouma, Mali, Mamou, Mandiana et Tougué) n'ont toujours notifié aucun cas depuis le début de l'épidémie. Six préfectures (Boffa, Boké, Dalaba, Dinguiraye, Pita, Yomou) n'ont pas notifié de cas depuis plus de 42 jours. L'une de ces préfectures (Yomou) est en alerte car des contacts venant d'une autre préfecture sont suivis. Les autres préfectures ont notifié des cas depuis moins de 21 jours.

1. Evolution de l'incidence de la maladie à virus Ebola dans les différentes régions guinéennes

Guinée forestière

  • Diminution importante des cas dans les 10 dernières semaines (semaine 40 à semaine 49) dans la préfecture de Guéckédou, qui était en semaine 39 la deuxième préfecture qui avait déclaré le plus de cas confirmés depuis le début de l'épidémie (361 cas) après celle de Macenta (404 cas).
  • Tendance à la baisse amorcée dans la préfecture de Macenta sur les 10 dernières semaines.
  • Diffusion de l'épidémie à l'est dans la préfecture de N'Zérékoré, de Lola, de Beyla et au nord dans la préfecture de Kérouané (focalisée dans la sous-préfecture de Banankoro), où une baisse a commencé après la mise en oeuvre de la riposte (centre provisoire de transit, sensibilisation et suivi des contacts).

Haute Guinée

  • Diffusion de l'épidémie dans les cinq dernières semaines, principalement dans les préfectures de Faranah et Kankan, mais également dans une moindre mesure dans les préfectures de Siguiri et de Kouroussa. 

Moyenne Guinée

  • Diffusion de l'épidémie dans les cinq dernières semaines, principalement dans la préfecture de Kindia.

Conakry et préfectures proches

  • Diminution du nombre de cas à Conakry dans les 10 dernières semaines, mais avec persistance de plusieurs chaines de transmission à l'origine d'environ une cinquantaine de cas dans les cinq dernières semaines, souvent liées à des introductions extérieures (malades venant d'autres préfectures). Cette persistance mobilise de nombreux moyens pour le suivi de plus de 600 contacts dans toutes les communes de la capitale.
  • Persistance de l'épidémie dans la préfecture de Coyah, proche de la capitale, avec également une cinquantaine de cas déclarés, en partie liée aux nombreuses réticences qui persistent dans cette préfecture et dans les préfectures de Forékariah et Dubréka.

2. Mesures de contrôle

Pour consolider les résultats dans les préfectures où on observe une amorce de diminution de l'incidence des cas et contrôler les recrudescences de l'épidémie dans certaines préfectures (N'Zérékoré, Lola, Beyla, Kérouané, Kissidougou en Guinée forestière, Faranah, Kouroussa, Kankan, et Siguiri en Haute Guinée, Kindia en Moyenne Guinée, préfectures proches de la capitale, Télimélé) la lutte doit être intensifiée, associant :

  • Sensibilisation des populations et des enfants en milieu scolaire à l'aide de supports de communication adaptés : messages radiodiffusés en langue vernaculaire au niveau des radios rurales, distribution de dépliants, utilisation d'une boite à images, maintenant validée et en cours de duplication avant diffusion, avec prévention et contrôle des réticences par la négociation avec l'appui des ressortissants (personnalités ne vivant plus dans la localité) des localités réticentes et l'adaptation des protocoles d'intervention des équipes de sensibilisation et d'investigation ; l'emploi des forces de gendarmerie n'est mis en oeuvre qu'en dernier recours dans les situations les plus graves de troubles à l'ordre public.
  • Mise en place d'un système d'alerte précoce par les agents communautaires, les tradipraticiens et les comités de veille villageois (CVV), qui sont en cours de mise en place, lors de l'apparition de cas ou de décès communautaires suspects.
  • Enterrements sécurisés par les équipes de la croix rouge guinéenne en présence de membres de la famille, associés à des mesures d'accompagnement (sensibilisation préalable par les CVV et les autorités traditionnelles villageoises, condoléances, offrandes).
  • Identification des sujets contacts et suivi à 100 % de ces contacts pendant une durée de 21 jours au maximum (incubation maximale de l'infection à virus Ebola) avec mesures d'incitation au maintien à domicile par la fourniture de denrées alimentaires adaptées (riz) ; le suivi à 100 % des contacts est un objectif majeur pour contrôler la transmission et atteindre l'objectif d'élimination de la maladie à virus Ebola en Guinée.
  • Alerte par l'entourage, le CVV ou les agents communautaires en cas de départ effectif (ou suspicion par non présentation au contrôle quotidien pendant deux jours consécutifs) de la préfecture d'un sujet contact par tous les moyens possibles (coursier vers le centre de santé le plus proche, téléphone ou appel au 115, alerte auprès des services de l'aéroport de Conakry) en indiquant l'identité du contact et autant que possible le lieu probable de destination et les coordonnées de la famille d'accueil.
  • Prise en charge médicale rapide des contacts présentant des signes de maladie à virus Ebola avec transport médical sécurisé vers le centre de transit ou le centre provisoire de transit (CT/CPT), ou le centre de traitement Ebola (CTE) le plus proche. Le pronostic des patients infectés est influencé par la rapidité et la qualité de la prise en charge.

3. Données concernant les professionnels de santé

La majorité des contaminations surviennent lors de pratiques médicales hors des structures de soins Ebola et des structures de soins officielles.

L'activité hebdomadaire moyenne des CTE et des CT indique un ré-équilibrage des activités avec l'ouverture des CTE de Macenta (14 novembre) et N'Zérékoré (29 novembre) et l'ouverture de centres provisoires de transit à Kérouané et Siguiri. Le CTE de Guéckédou a supporté seul l'extension de l'épidémie en Guinée forestière et en Haute Guinée de la semaine 44 à la semaine 46. Son activité baisse depuis la semaine 47.

Les réticences sont des freins à la lutte, notamment le suivi des contacts, et apparaissent souvent lors de la survenue de cas et de décès liés à Ebola. On assiste à de véritables « épidémies » de réticences (refus des activités de lutte pour diverses raisons) concomitantes des épidémies de fièvre hémorragique Ebola dans la population. Il est nécessaire de réduire les réticences, en particulier dans les préfectures de Coyah, Forékariah et Kindia.

4. Comparaison avec les autres pays confrontés à une épidémie de maladie à virus Ebola

Les proportions de cas suspects sont hétérogènes (32 % au Libéria, 17 % en Sierra Leone et 1 % en Guinée). La faible proportion en Guinée est le témoin d'un très bon niveau de confirmation en laboratoire, même s'il faudrait pouvoir à la fin de chaque journée avoir classé chaque cas suspect soit en cas confirmé soit en « non cas ». Les létalités (proportions de décès parmi les cas) sont également hétérogènes, la faible létalité en Sierra Leone (22 %) et dans une moindre mesure celle du Libéria (41 %) laissent perplexes, comparées à celle de la Guinée (61 %). Dans son point de situation du 26 novembre l'Organisation mondiale de la santé (OMS) indique, sans donner les éléments de calcul, que la létalité des patients hospitalisés dont l'évolution est connue est égale à 60 % en Guinée, 60 % en Sierra Leone et 61 % au Libéria.

Le 30 novembre, on compte au Mali depuis le cas de Kayes : 8 cas (dont 7 confirmés), 6 décès (dont un quart de professionnels de santé), 227 contacts en cours de suivi et 206 contacts qui ont dépassé les 21 jours de suivi (OMS, 3 décembre).

Les commentaires sont momentanément désactivés

La publication de commentaires est momentanément indisponible.

Pour recevoir gratuitement toute l’actualité par mail Je m'abonne !
Publicité
Dans la même rubrique
Publicité
Presse - CGU - CGV VIDAL Expert - Données personnelles - Politique cookies - Mentions légales - Contact webmaster