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Virus Ebola : l'euthanasie du chien de l'aide-soignante espagnole infectée ne s'imposait pas

15 octobre 2014 Image d'une montre3 minutes icon Ajouter un commentaire
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L'euthanasie du chien de l'aide-soignante infectée par le virus Ebola en Espagne ne s'imposait pas pour des raisons scientifiques et médicales. L'organisation mondiale de la santé animale (OIE) rappelle qu'il n'y a pas de preuve que les animaux domestiques jouent un rôle épidémiologique dans la transmission de la maladie aux humains.

Le chien a été euthanasié le 8 octobre par décision des autorités sanitaires du pays. Elles ont évoqué un risque potentiel de contagion, précisant que les chiens peuvent être porteurs d'anticorps contre le virus Ebola sans manifester de symptômes et pourraient éliminer le virus dans leurs fluides avec un risque potentiel de contagion.

Ce n'est pas l'avis de l'OIE, qui souligne, dans sa fiche technique sur la maladie du 6 octobre, qu'« il n'y a pas de preuve que les animaux domestiques jouent un rôle épidémiologique actif dans la transmission de la maladie aux humains » : jusqu'à présent, aucun cas de contamination humaine par le virus Ebola à partir d'un animal de compagnie n'a été enregistré.

Rien ne prouve que les animaux propagent le virus

La Direction générale de l'alimentation (DGAL) du ministère de l'Agriculture indique que « les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas de savoir si un animal de compagnie peut être contaminé par le virus Ebola ». Si le cas se présentait en France, l'Anses* serait consultée sur le risque représenté par les animaux de compagnie, précise la DGAL.

S'il est probable qu'initialement, le virus Ebola se soit introduit dans la population humaine à partir d'un animal sauvage, par sa transmission à une personne, la maladie se transmet actuellement de personne à personne : « Rien ne prouve que les animaux continuent de jouer un rôle dans (sa) propagation », explique l'OIE.

Des réservoirs dans la faune sauvage

Selon toute probabilité, la transmission initiale du virus Ebola à l'homme se fait à partir d'animaux tels que les chauves-souris ou les primates non humains, à l'occasion de la chasse, du ramassage d'animaux sauvages malades ou morts, ou encore lors de la manipulation ou de la consommation de viande de brousse crue.

La transmission interhumaine intervient ensuite à l'occasion de contacts avec les fluides corporels d'une personne infectée.

Les études ont montré que les réservoirs naturels du virus pourraient être des chauves-souris roussettes, qui hébergent le virus sans présenter de signes cliniques.

Les singes ne sont pas considérés comme des réservoirs naturels du fait de leur grande sensibilité à la maladie et de la forte létalité de la maladie à virus Ebola dans ces espèces.

Le rôle des porcs dans l'épidémiologie n'est pas clairement établi.

Une euthanasie regrettable sur le plan scientifique

L'OIE encourage les services vétérinaires des pays concernés à rester vigilants et à renforcer leur surveillance de la faune sauvage, sans mentionner les animaux de compagnie.

L'auteur de l'unique étude** sur le virus Ebola et les chiens**, Éric Leroy (directeur général du Centre international de recherches médicales de Franceville, Gabon), estime que l'euthanasie du chien n'était pas utile et qu'il aurait suffit de le placer en isolement et effectuer une surveillance médicale complète.

Dans son étude, il suggérait que les chiens pourraient être infectés par le virus Ebola mais que leur infection serait asymptomatique. Pour lui, cette euthanasie est regrettable « sur le plan scientifique et médical » (et éthique NDLR ! ). Le cas de ce chien était une occasion unique pour mettre en œuvre un suivi virologique, biologique et médical afin d'obtenir des informations majeures. De plus, les conséquences pour la santé publique ne sont pas négligeables car certaines personnes, craignant que leurs animaux soient euthanasiés en cas de suspicion d'Ebola, pourraient les cacher ou ne pas les déclarer.

*Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

** Etude a posteriori sur une épidémie d'Ebola (2001-2002) au Gabon, Emerging Infectious Diseases, revue des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, 2005.

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