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Recrudescence de la rougeole : la DGS appelle les professionnels de santé à la vigilance

Les professionnels de santé ont été alertés par un DGS-Urgent d'une recrudescence de la rougeole en France et en Europe. La DGS leur rappelle les éléments de diagnostic clinique et biologique et la conduite à tenir face à un patient infecté et à son entourage. 

David Paitraud 05 avril 2024 Image d'une montre7 minutes icon Ajouter un commentaire
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Les patients sont contagieux 5 jours avant l’éruption et jusqu’à 5 jours après.

Les patients sont contagieux 5 jours avant l’éruption et jusqu’à 5 jours après.R&A Studio / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

La direction générale de la Santé (DGS) a émis un DGS-Urgent afin d'alerter les professionnels de santé sur la situation épidémiologique actuelle de la rougeole. Le nombre de cas rapportés en France est passé de 15 en 2022 à 117 en 2023, témoignant d'une recrudescence de cette maladie contagieuse. Cette tendance est observée sur tout le territoire européen. 

La DGS souhaite prévenir une diffusion plus large de la rougeole sur le territoire, notamment à l'approche des Jeux Olympiques qui auront lieu en France cet été. 

Elle invite les professionnels de santé à redoubler de vigilance, et recommande : 

  • en cas de signes d'appel, quel que soit le statut vaccinal, d'évoquer systématiquement le diagnostic clinique d'une rougeole, et de demander une confirmation biologique ;
  • de signaler de façon précoce à l'Agence régionale de santé (ARS) toute suspicion de rougeole, y compris avant les résultats biologiques ;
  • de mettre en œuvre les mesures pour limiter la contagion ;
  • de vérifier le statut vaccinal contre la rougeole afin de procéder à une mise à jour si nécessaire.

À la suite du bilan annuel 2023 sur la rougeole en France publié par Santé publique France et en prévision des prochains Jeux olympiques, la direction générale de la Santé (DGS) a émis un DGS-Urgent [1] à l'attention de tous les professionnels de santé pour les alerter sur la menace d'épidémie de rougeole au vu de la situation épidémiologique actuelle. Elle y partage les recommandations en termes de diagnostic, de signalement et de prévention et les mesures d'urgence à respecter pour limiter la diffusion virale. 

Une recrudescence en 2023, en France et en Europe

L'année 2023 est marquée par une recrudescence de la rougeole partout en Europe (cf. notre article du 6 février 2024). La circulation du virus est très active dans certains pays de l'Est comme la Russie ou le Kazakhstan, mais la France n'est pas épargnée. Selon les données de Santé publique France [2], 117 cas de rougeole ont été notifiés en 2023 contre 15 cas en 2022, mais « si le nombre de cas a été multiplié par 8 par rapport à 2022, il reste encore très limité par rapport à la période pré-Covid-19 ».

Au total, 16 départements métropolitains ont déclaré au moins un cas. Sept foyers de transmission active ont été signalés, dont la plupart étaient liés à une importation. L'épisode de cas groupés le plus important a été rapporté en Auvergne-Rhône-Alpes (cf. notre article du 21 novembre 2023).

Les données 2023 montrent un glissement vers des classes d'âge plus élevées en comparaison avec les années précédentes. L'âge médian était de 12 ans. Le taux d'incidence le plus élevé était observé chez les jeunes adolescents (10-14 ans). 

Aucun décès n'a été rapporté, mais 27 patients infectés ont nécessité une hospitalisation (dont 2 en réanimation). Douze cas ont présenté une complication (dont 9 une pneumopathie). 

Statut vaccinal des sujets infectés

Parmi les 96 cas éligibles à la vaccination (âgés de ≥ 1 an et nés à partir de 1980) et avec un statut vaccinal renseigné : 

  • 44 % n’étaient pas vaccinés contre la rougeole ;
  • 9 % étaient vaccinés avec 1 dose ;
  • 46 % avec 2 doses : « la majorité des cas vaccinés avec 2 doses concernait des collégiens qui, pour la plupart, avaient reçu une administration précoce (avant 12 mois) d’une 1re dose de vaccin, ce pourrait expliquer la moindre protection à long terme constatée chez ces adolescents », explique Santé publique France. Aucune complication et une seule hospitalisation a été rapportée parmi les sujets correctement vaccinés.
  • 1 % étaient vaccinés sans que le nombre de doses reçues soit précisé.

Un contexte européen menaçant

L'Europe a été confrontée à une circulation très active de la rougeole en 2023. Au total, plus de 40 000 cas ont été comptabilisés contre seulement 1 000 cas en 2022.

La tendance à l'augmentation devrait se poursuivre dans les prochains mois selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) « compte tenu de la couverture vaccinale suboptimale pour la deuxième dose < 95 % dans la majorité des pays de l'Union européenne ».

En présence de signes d'appel, évoquer une rougeole quel que soit le statut vaccinal

Parmi les points de vigilance soulignés par la DGS, « le diagnostic clinique de la rougeole doit être évoqué devant tout patient, quel que soit son statut vaccinal », en présence des signes suivants : 

  • une fièvre ≥ 38,5 °C associée à une éruption maculopapuleuse ;
  • et au moins un des signes suivants : conjonctivite, rhinite, toux, signe de Köplik.

La DGS demande aux médecins de signaler sans délai « tout cas cliniquement évocateur (y compris avant les résultats biologiques), même si tous les items n’ont pu être renseignés ».

Les outils pour le diagnostic biologique

La confirmation biologique est indispensable, de préférence par prélèvement oropharyngé et amplification génique par RT-PCR (cf. Schéma) : 

  • le RT-PCR  (détection de l'ARN viral) permet une confirmation diagnostique dès les premiers jours de la phase éruptive ; 
  • la recherche d’IgM salivaire ou sérique ne doit être réalisée qu’à partir du 3e jour après le début de l’éruption pour éviter les faux négatifs.

Les kits de prélèvement salivaire (Oracol) sont disponibles sur demande auprès des agences régionales de santé (ARS). Ils sont, en priorité, destinés aux praticiens de ville ainsi que dans les services d’accueil d’urgences, en particulier de pédiatrie. Ils sont à privilégier pour les cas suspects ayant des difficultés d'accès à un laboratoire ou les patients pour lesquels le caractère moins invasif du prélèvement facilitera l'adhésion.

Schéma - Évolution clinique et biologique (DGS-Urgent du 3 avril 2024)

Limiter le risque de contagion

Les patients sont contagieux 5 jours avant l’apparition de l’éruption maculopapuleuse et jusqu'à 5 jours après.

Afin de limiter le risque de contagion, il est recommandé :

  • chez le patient infecté : d'instaurer des mesures d’éviction pendant toute la période de contagiosité connue du cas à savoir dès les premiers symptômes jusqu’à 5 jours après le début de l’éruption. En cas de consultation au cabinet médical de ville, le patient doit être isolé, limiter ses déplacements, et porter un masque ; 
  • chez l'entourage ou les cas-contact identifié comme personnes à risque de forme grave : de mettre en place des mesures de prophylaxie postexposition par une vaccination
    • avec une dose du vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole ROR (M-M-RVAXPRO à partir de 9 mois, ou PRIORIX à partir de 9 mois) à réaliser dans les 72 heures chez les nourrissons de 6 à 11 mois révolus,
    • ou l’orientation vers une prise en charge hospitalière pour administration d’immunoglobulines polyvalentes dans les 6 jours suivant le contage (contact avec un cas confirmé de rougeole) EDIT du 05/04/2024 : pour les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes, les nourrissons de moins de 6 mois nés de mère non-immune et les nourrissons de 6 à 11 mois n’ayant pas pu être vaccinés dans les 72 heures suivant le contage /FIN EDIT [4;
  • chez tous les patients : vérifier le statut vaccinal contre la rougeole EDIT du 05/04/2024 : de toutes les personnes en contact avec un cas et nées à partir de 1980 /FIN EDIT selon les recommandations en vigueur du calendrier vaccinal dans le respect des contre-indications habituelles du vaccin trivalent ROR et de procéder, le cas échéant, à la mise à jour des vaccinations [3].

Toute personne née à partir de 1980 doit avoir reçu 2 doses de vaccin contre le ROR avec un délai d'au moins 1 mois entre les 2 doses quels que soient les antécédents vis-à-vis des trois maladies, ou EDIT du 05/04/2024 : 3 doses pour les personnes ayant initiées leur vaccination avant l'âge de 12 mois et compléter le schéma vaccinal si besoin. Cette vaccination, si elle est réalisée dans les 72 heures qui suivent un contact avec un cas, peut éviter la survenue de la maladie. Elle reste préconisée même si ce délai est dépassé. /FIN EDIT.

Pour toutes personnes nées avant 1980, non vaccinées et sans antécédent connu de rougeole, la vaccination avec 1 dose de vaccin trivalent ROR est fortement recommandée, sans contrôle sérologique préalable, pour les professions de santé ou toute personne exerçant dans les services accueillant des patients à risque de rougeole grave (immunodéprimés), au contact des enfants ou exposées au contact d’un cas de rougeole.

La vaccination contre la rougeole peut être prescrite et administrée à tout public par un médecin ou une sage-femme. 
Le pharmacien et l'infirmier peut prescrire cette vaccination aux personnes de plus de 11 ans, sauf aux personnes immunodéprimées.

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